La France, un pays hostile aux entrepreneurs : mythe ou réalité ?

Entreprendre en France : depuis de nombreuses années, la France traîne une réputation de pays peu propice à l’entrepreneuriat. Lourdeur administrative, fiscalité pesante, difficultés à lever des fonds… On lit régulièrement que “la France est un enfer fiscal pour les entrepreneurs”, que “tout est fait pour décourager ceux qui veulent se lancer” ou encore que “réussir en France, c’est se faire taxer à outrance”. Pourtant, la réalité est bien différente. De nombreux dispositifs facilitent la création et le développement d’entreprises, et la perception du succès entrepreneurial évolue.

En 2024, la France a enregistré plus de 1,1 million de créations d’entreprises ( +5,7 % vs 2023). Ce chiffre traduit un engouement croissant pour l’entrepreneuriat. Les micro-entreprises dominent, représentant 716 200 de ces créations, principalement dans les services aux entreprises et le commerce. Ces micro entreprises, parfois précaires, permettent cependant de tester une idée ou valider un concept.
Les sociétés se structurent majoritairement en SAS (68 %) et SARL (26 %). Plus d’infos sur l’INSEE ici et

L’écosystème des start-ups est un autre indicateur du dynamisme français. La France compte aujourd’hui plus de 25 “licornes”, contre seulement 3 en 2017. Cette explosion s’explique par une politique volontariste de soutien à l’innovation, notamment avec la French Tech, initiée en 2013. Même si, soyons honnêtes, la tech française est ridiculement et dangereusement faible face aux géants mondiaux.

Si créer son entreprise en France est devenu plus simple, encore faut-il pouvoir la pérenniser. Là encore, l’État et de nombreuses structures privées se mobilisent. Des dispositifs tels que Bpifrance offrent des aides financières sous forme de prêts ou de subventions. Ces aides ne sont pas accessibles à tout le monde bien entendu..

Par ailleurs, le mentorat joue un rôle crucial. Des programmes d’accompagnement ont vu le jour, tels que Réseau Entreprendre ou 1Kubator, offrant un soutien stratégique essentiel.

Selon une étude de l’IFOP, 70 % des Français considèrent aujourd’hui les entrepreneurs comme des figures positives pour la société. Des figures emblématiques et des emissions télévisées contribuent à changer cette image.

Cependant, certains clichés persistent. On entend encore que “les entrepreneurs sont mal vus en France”, que “la réussite est jalousée et punie par l’impôt”. Ou encore que “les start-ups françaises s’exilent dès qu’elles le peuvent”. Pourtant, les aides publiques et l’évolution des mentalités prouvent le contraire.

Pour illustrer ce dynamisme, de nombreux entrepreneurs français partagent leurs expériences. Alice Zagury, cofondatrice de The Family, met en avant l’importance de l’accompagnement pour réussir. Jonathan Cherki, fondateur de Contentsquare, a bénéficié des aides à l’innovation de Bpifrance pour développer son entreprise. Elle est aujourd’hui valorisée à plusieurs milliards d’euros.

La France dispose d’une multitude d’incubateurs et d’accélérateurs qui facilitent le développement des jeunes entreprises. Station F, le plus grand campus de start-ups au monde, offre un environnement unique pour les entrepreneurs. Wilco et The Family sont d’autres structures majeures qui proposent mentorat, financement et mise en relation avec des investisseurs.

Si l’on compare la situation française à d’autres pays, on constate que les avantages sont nombreux :

  • Fiscalité attractive pour les jeunes entreprises : le dispositif du JEI (Jeune Entreprise Innovante) permet d’accéder à des exonérations fiscales même s’il a été raboté.
  • Accès aux financements : la France figure parmi les pays où les aides publiques aux start-ups sont les plus importantes en Europe.
  • Protection sociale : contrairement à des pays comme les États-Unis, la France propose un système protecteur en cas d’échec.

Cependant, des inconvénients persistent, notamment une bureaucratie plus lourde qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas, et une charge fiscale qui reste un frein pour certains entrepreneurs.

Dubaï est souvent cité comme un paradis pour les entrepreneurs en raison de son absence totale d’impôt sur les sociétés et les revenus personnels. La rapidité des démarches administratives et la création de zones franches permettent aux start-ups de se développer sans contraintes fiscales majeures. L’accès aux investisseurs internationaux est facilité par un environnement attractif et cosmopolite.

Toutefois, Dubaï présente aussi des défis. Le coût de la vie et de l’immobilier y est élevé, et l’absence de protection sociale signifie que les entrepreneurs doivent financer eux-mêmes leur couverture santé et retraite. De plus, la concurrence y est féroce, et l’écosystème entrepreneurial, bien que dynamique, est encore en développement comparé aux États-Unis ou à l’Europe.

Il est vrai que la fiscalité sur les entreprises peut paraître élevée, notamment avec un taux d’impôt sur les sociétés fixé à 25 % en 2023. Cependant, ce taux est inférieur à celui de pays comme les États-Unis (21 % au niveau fédéral mais pouvant atteindre plus de 30 % avec les taxes locales) ou l’Allemagne (environ 30 % avec les impôts locaux).

Les cotisations sociales, souvent pointées du doigt, représentent un coût, mais elles garantissent aussi une protection sociale parmi les plus avantageuses au monde, incluant assurance maladie, retraite et allocations chômage. Contrairement aux entrepreneurs américains qui doivent souscrire des assurances privées coûteuses, les entrepreneurs français bénéficient d’un filet de sécurité solide.
Enfin, la flat tax de 30 % sur les dividendes instaurée en 2018 a rendu plus attractif le prélèvement des bénéfices, réduisant la pression fiscale sur les entrepreneurs par rapport aux anciennes tranches d’imposition progressives.

Le mentorat est un facteur de succès déterminant pour les entrepreneurs. Une étude montre que 70 % des start-ups mentorées survivent plus de 5 ans, contre seulement 50 % pour celles qui ne bénéficient pas d’accompagnement. Le mentorat offre un appui stratégique et un réseau puissant pour éviter les erreurs courantes et accélérer la croissance.

La réputation d’un pays peu favorable à l’entrepreneuriat est largement infondée. La France a su créer un écosystème dynamique, accompagnant les entrepreneurs de la création à la croissance. Certes, des défis subsistent, mais avec un accès au financement facilité, un cadre fiscal avantageux pour les jeunes entreprises et une évolution de la perception du succès entrepreneurial, la France s’affirme de plus en plus comme une terre d’opportunités pour les entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain. Mais tout cela reste fragile…

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